Quand le ressort lache
La rupture des ligaments croisés est une des blessures les plus craintes par les footballeurs. À raison car elle nécessite le plus souvent une opération et une longue indisponibilité.
"Je me suis fait les croisés…" L’expression hante régulièrement les vestiaires. Mais au fait, que signifie-t- elle ? Petit rappel de physiologie. Le genou comporte quatre ligaments (deux croisés : antérieur et postérieur ; deux latéraux : interne et externe) qui assurent la jonction entre les os et donc sa mobilité. Comme des ressorts, ils reviennent dans leur position initiale s’ils se tendent un peu. S’ils s’allongent davantage, ils se déforment. Et en cas d’étirement trop intense, ils cassent.
"Du simple étirement à la rupture, il s’agit d’une entorse ", indique le Dr Régis Boxelé, directeur médical de la FFF. Bien évidemment, ce dernier cas est le plus traumatisant. " Et il n’existe aucun signe avant-coureur, prévient le praticien. La distension ou la rupture se produisent en cas d’hyper mouvement, un tacle un peu haut entraînant par exemple une disjonction du tibia et du fémur. Elles surviennent également lors d’un changement d’appui tellement puissant qu’il provoque une hyper-rotation du genou. " En clair, vous tournez votre bassin d’un côté et votre cheville de l’autre mais votre genou ne supporte pas l’effet "twist".
Inutile de vous croire à l’abri si vous êtes jeune. " Les ligaments ne s’usent pas, souligne le médecin en chef de la FFF. De même, la blessure arrive à tout niveau de pratique. Aux pros comme aux joueurs du dimanche. " Pour tous, le verdict tombe, sans appel : intervention chirurgicale le plus souvent s’ils veulent rejouer.
Rechute ?
Car sans ligaments croisés antérieurs, le genou perd toute stabilité. " Lors d’un changement d’appui, il se dérobe et la personne tombe. Cela pose évidemment un souci dans un sport dit pivot-contact, comme le football. Et à plus long terme, l’absence de ces ligaments entraîne un jeu dans l’articulation et après quelques décennies de l’arthrose (ndlr : usure du cartilage) ", explique Régis Boxelé.
Bref, pas moyen d’échapper au bloc opératoire sauf si, exceptionnellement, vos ligaments cicatrisent spontanément. Vous ne souffrez alors "que" d’une rupture partielle que les praticiens diagnostiquent au bout de deux mois. Quant à l’intervention (appelée plastie), elle consiste à remplacer les ligaments. "On ne peut pas les suturer. On prélève chez le patient un bout de tendon rotulien ou des ischios pour fabriquer un nouveau ligament. "
Vient ensuite le temps de la guérison (lire encadré). Pouvez-vous vous prémunir contre une éventuelle rechute ? Oui et non ! Si vos muscles des ischio-jambiers et des quadriceps sont suffisamment développés, ils servent de pare-chocs aux ligaments. Si vous êtes sans force ou fatigué (et alors moins vigilant musculairement), vos ligaments se trouvent en première ligne au lieu d’être en deuxième. " En tout cas, après une opération suivie d’une bonne kiné, on peut reprendre le foot à 100 % sans aucun souci ", note Régis Boxelé. Bon retour sur les terrains.
Un long délai
Comme pour une grossesse, comptez neuf mois pour une rupture des croisés ! C’est le délai idéal entre l’opération et la reprise du foot. Dans un premier temps, vous retrouvez de l’amplitude articulaire grâce à un travail de kinésithérapie. Ensuite, vous effectuez du renforcement musculaire et de la proprioception. Au troisième mois, vous vous mettez au vélo et au “step”. Le quatrième mois rime avec premier jogging, le sixième avec tennis, les septième et huitième avec petits dribbles, shoots, changements d’appui, jeu avec contact. Au neuvième, vous reprenez votre place dans l’équipe pour le premier entraînement.
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